mardi 14 août 2012

La gestion des ordures en Corée

On le sait, la Corée est un pays qui a évolué très vite. Après avoir subi la colonisation japonaise, la seconde guerre mondiale, puis la guerre de Corée, le pays avait dans les années 50 un PIB équivalent à celui de la Somalie. Aujourd'hui 15ème puissance mondiale, la Corée a fait du chemin : économie florissante, multinationales prospères, infrastructures modernes automatisées, niveau d'éducation très élevé (plus 80% des coréens de ma génération ont un diplôme universitaire minimum bac+4), etc.
Cependant, tout n'a pas pu suivre un tel rythme de modernisation et quand on vit dans le pays au quotidien, on voit quand même que c'était encore le tiers monde il n'y a pas si longtemps. Dès qu'on s'éloigne un peu des quartiers très fréquentés de Séoul, il y a une chose que tout le monde remarquera en Corée : Les ordures dans les rues !
De nuit, sous la pluie, devant l'appartement
 Aujourd'hui donc, nous allons vous parler de la gestion des ordures en Corée !
Mêmes les coréens s'en rendent compte et ça fait partie des sujets dont on a un peu honte de parler, il y a un problème avec les gestions des déchets en Corée. Et par problème, on ne parle pas seulement de la gestion calamiteuse des ordures, mais aussi de l'économie parallèle générée et qui permet de faire vivre un certain nombre d'oubliés de la modernisation.
Oubliez la poubelle jaune, la poubelle verte et la poubelle à compost, ici en Corée rien de tout ça n'existe encore et même trouver des sacs poubelle relève du miracle. Ce sont les sacs de courses en plastique ou en carton qui servent ici le plus souvent de sac poubelle et il est possible de demander dans certains magasins de très grand sac plastiques qui vont servir à contenir plusieurs autres sacs lorsque les ordures seront placées dans la rue.

Des sacs dans un sac devant chez nous. Vous avez de la chance les ordures ont été ramassées hier
Les poubelles sur le parking de Lotte Market
D'autres poubelles camouflées derrière un pilier devant l'immeuble à côté de chez nous.
Je vous laisse imaginer ce que ça peut donner quand les ordures n'ont pas été ramassées depuis quelques jours et qu'il pleut, les poubelles suintent alors dans la rue, ou lorsqu'il fait très chaud et que les effluves viennent chatouiller vos narines. 
Des containers pourraient facilement réduire ces deux problèmes, mais il se trouve qu'il n'y en a qu'un dans notre rue. Il est dans la résidence d'en face, farouchement protégé par un cerbère dans son mirador qui veille à ce qu'aucune personne extérieure à la résidence n'utilise ledit container. Il en résulte donc que faute de container, les sacs d'ordure s'entassent dans les rues, plus ou moins cachés selon les possibilités offertes par le décor urbain. Le pilier cache-misère de la dernière photo est un exemple typique. Dans la rue principale ce sont bien souvent les réverbères qui tiennent ce rôle sans réussir à cacher grand chose.

Bon, mais qu'en est-il de la gestion en elle-même dans tout ça ? Le ramassage des ordures, tout ça ... Ici en Corée, c'est très organisé et le travail et réparti de façon équitable entre divers acteurs du milieu urbain : les insectes, rats, chats et autres animaux du quartiers, les vieux à chariot, les camions d'entreprises qui recyclent de l'électronique et font chier à 7h du matin  et les actuels vrais éboueurs dont c'est normalement le travail.

Le cycle de la poubelle dans la rue est comme suit :
- Tout ce qui est organique est dévoré dans la nuit par les bêtes, tout ce dont ils n'ont pas voulu étant saccagé le lendemain matin autours de la défunte poubelle.
- Les vieux à chariot spécialisés dans le carton récupèrent le carton, ceux spécialisés dans l'alu récupèrent les canettes et ceux spécialisés dans le plastique les bouteilles.
- Les camions parlant, comme ceux présentés dans un précédent épisode des chroniques, ramassent les encombrants : vieilles télé, canapés, vieux frigo, etc
- Un bataillon de "vrais" éboueurs qui passe ramasser tout ce qui reste et balaye activement la rue (ou la plage selon le lieu), afin que l'endroit soit vaguement présentable jusqu'au prochain ramassage officiel des ordures.
Un chariot d'éboueur
 Revenons un instant sur cette histoire de "vieux à chariot" qui vous aura surement intrigué. Nous parlions tout à l'heure des oubliés de la modernisation et de l'économie parallèle des ordures, nous y voila. N'ayant pas pu profiter du boost économique du fait qu'ils n'étaient pas dans la bonne génération et n'ayant pas toujours des enfants ayant les moyens de les entretenir, un certain nombre de vieux coréens et de vieilles coréennes n'entendrons jamais parler de la retraite et se voient contraints de se reconvertir en "vieux à chariot", lorsqu'ils deviennent trop âgés pour continuer dans leur métier d'origine.
Si vous venez un jour visiter la Corée, vous ne pouvez pas les louper. Ce sont ces petits vieux auxquels on ne donne plus d'âge et qui passent leur journées à tirer des charrettes remplies de cartons, de canettes ou de plastiques, selon leur "spécialisation".
Quelques chariots stationnés devant la déchetterie en face du Lotte Market
Payés au kilo de carton ou de plastique qu'il ramèneront dans une sorte de déchetterie (voir photo ci-dessus), ces petits vieux gagnent leur vie comme ils peuvent en allant ramasser les déchets qui les intéressent. Comme dit en début d'article, il n'y a pas officiellement de tri des ordures en Corée. On notera cependant que pour de faciliter le travail de ces gens qui n'est déjà pas très drôle, il est de bon goût de prendre au moins la peine de séparer ses déchets organiques du reste, histoire qu'en plus du poids du chariot le tri ne soit pas trop pénible. Malheureusement tout le monde ne le fait pas ...

Voilà pour le point culture sur les poubelles en Corée. Cet article devait au départ faire partie de l'épisode 3 des chroniques de la Corée, mais un Fail majeur ce soir nous a fait revoir notre planning des articles.

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